Message et exhortation 3ème ETAPE DU SYNODE

« Que le langage du Christ habite parmi vous avec sagesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec sagesse… » (Col 3, 16)

La célébration de la deuxième étape du synode diocésain, présidée par son Excellence Mgr Benjamin Marc
Ramaroson, a eu lieu à Antsiranana, du 3 au 8 octobre 2023, autour du thème : « Famille, petite église qui
protège l’environnement pour le bien de l’humanité ».
Les 139 délégués synodaux ont pris conscience du fait que notre maison commune, comme le dit le Pape, est
sérieusement menacée. « Notre planète tombe en ruine à cause de l’inconscience et des actions inconsidérées
des hommes [...] Pollution, environnement insalubre, changement climatique qui détériorent la vie ». Le
comble est que bon nombre de personnes n’écoutent plus la voie de la conscience et encouragent même une
culture de démolition, de mort et d’indifférence.
1. Les conséquences néfastes du non-respect de l’environnement
Quelle maison commune allons-nous laisser aux générations futures ?
Voici quelques statistiques nous permettant de réfléchir à cette question. En 1950, 42% de la surface de
Madagascar était couverte de forêts ; en 1990, 23% ; en 2005, 21% ; en 2020, 12% ; en 2030, 2%. A ce rythme,
en 2050, il n’y aura plus rien à espérer. Nous connaissons les impacts de cela pour la vie des enfants des
hommes : changement climatique, manque de pluie, sécheresse grandissante, famine. N’est-ce pas là un
stimulus pour une prise de conscience ? Allons-nous continuer à danser au bord du gouffre ? « Faire naufrage
en amont d’un caïman : il faut une bonne chance pour y échapper ».
Que faire ? Se convertir !
Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Il nous faut mettre en place une stratégie et un plan d’action concrets.
Ce synode ne peut être qu’une aubaine pour une sortie de crise. Il faut que tous se sentent acteurs de
l’organisation humaine de notre environnement. Créativité et solidarité sont en marche. D’où cette
exhortation pour un appel au repentir, au changement radical. Nous n’avons plus le choix et c’est urgent.
Il y a la conversion de tout un chacun, de la famille, de la société, de l’Église, des responsables de l’Etat pour
que nous vivions l’harmonie dans toutes nos relations. Beaucoup d’entre nous vivent dans un attentisme
passif, dans un conformisme statique, et n’aspirent plus à un changement de comportement. Nous sommes
en droit de nous demander la cohérence entre nos prières, nos célébrations liturgiques et sacramentelles et
notre vie de tous les jours pleines d’atrocités, de barbaries, de guerres fratricides, entre chrétiens laïcs, entre
laïcs et prêtres, entre prêtres. On peut se demander quelquefois si on est encore fiers d’être catholiques. Un
changement radical de comportement, un engagement sincère sont plus que souhaités pour combattre le
démon de la paresse et du découragement.
Quel diocèse allons-nous laisser à nos descendants ?
Mettons-nous débout, prenons des résolutions concrètes. Fixons des objectifs réalisables. Soyons conscients
de ce qui nous attend. « L’écologie intégrale » n’est pas un concept compliqué qui nous permettrait de rester
à distance. Il faut commencer par des petites actions au quotidien : nettoyage de notre environnement
immédiat, jardinage, création de coins ordures, de toilettes, de puits. Lutter contre les gaspillages, continuer
à planter 6 arbres par personne et par an. Faire le suivi des plantations, créer des petites aires protégées.
Tenir parole. Il ne faut pas passer son temps à se jeter les responsabilités. Que chacun se sente responsable.
Les défis qui nous attendent sont nombreux. Cela prendra du temps, certes, mais il faut persévérer et passer
à l’acte. Il faut s’entraider à tous les niveaux. Il faut tirer des leçons du passé.
2. Plan d’action à réaliser
C’est nous qui devons tout faire pour sauver notre maison commune. Nous devons tenir compte des valeurs
malagasy qui faisaient la joie de notre société d’antan. Le respect des tabous permettait d’organiser la vie
commune avec notamment la place des anciens et l’importance de l’environnement. Certaines manières de
faire d’autrefois sont cependant à changer, comme l’interdiction d’utiliser les WC et les conséquences que ça
donne : insalubrité partout, même à des endroits censés être des lieux d’attraction touristique comme le bord
de mer. Il ne faut jamais oublier que nous sommes capables de changement et que nous sommes sous
l’emprise de l’Esprit Saint en tant qu’hommes de foi, d’espérance et de charité.
Nous ne voulons pas par cette lettre nous montrer donneur de leçon. Voyez ce qui vous semble bon, selon les
réalités du terrain. C’est ainsi que nous prendrons part à la lutte contre la pauvreté et la précarité. C’est le

développement de tout homme et de tout l’homme qui est en vue. Il faut miser sur l’éducation. L’engagement
dans divers mouvements et actions sociales constitue un moyen efficace pour résoudre les problèmes
mentionnés ci-dessus. « Seul ce qui n’est pas parfait peut diminuer d’éclat, mais ce qui est juste ne change
jamais. Celui qui résiste aux épreuves verra la fin ».
Nous nous tournons spécialement vers vous responsables d’État.
Nous vous sollicitons pour faire route avec nous pour la sauvegarde de la maison commune en appliquant les
lois en vigueur et en pénalisant les actes qui détériorent notre environnement. N’ayez pas peur d’aller à
contre-courant! Vous savez, en effet, qu’il y a des hauts responsables qui se font complices des malfaiteurs
pour sauver leur poste, par amour-propre et en vue de leur intérêt personnel. Nous voulons réitérer la
collaboration étroite entre l’Église et l’Etat. Qu’ils oeuvrent main dans la main pour la réussite des projets mis
en place pour le bien de tous.
Enseignement de l’Église sur l’environnement :
La survie économique nous pousse à nous engager toujours plus loin dans la sauvegarde de notre planète.
Mais il n’y a pas que l’économie. Ne sous-estimons pas le souffle de l’Esprit Saint. Nous invoquons Dieu comme
Père, quand nous prions. N’oublions pas que c’est lui qui nous donne l’intelligence et nous permet de connaître
les relations entre les hommes, entre les hommes et la nature, entre les hommes et Dieu. L’Église dispensatrice
de grâce a une vision claire et ne peut pas se taire vis-à-vis des injustices. La parole de St Paul qui dit « que
celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus ! » nous dit clairement que le travail définit l’homme.
L’homme collabore avec Dieu et continue de créer avec lui.
A la fin de cette exhortation, prenons comme parole de réconfort les mots de St Paul : « restez dans la joie,
redressez-vous, encouragez-vous, ayez une seule pensée, vivez en paix, et le Dieu de l’amour et de la paix sera
avec vous [...] Avec vous tous, la faveur du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la participation du Souffle
saint !» (1Co 13, 11.13)


Fait à Antsiranana le samedi 07 octobre 2023, Mémoire de Notre Dame du Rosaire
Au nom du Secrétariat du Synode.

02/01/2024

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