Alors que l’année nouvelle s’ouvrait, pleine de promesses, nous avons eu la tristesse d’affronter la disparition de notre frère et ami Miandra, baptisé Auguste le 16 septembre 1958 en la Cathédrale Immaculée Conception (Andohalo).
Ordonné prêtre le 24 Août 1986 à Mananara Avaratra, il a choisi comme devise, spiritualité pradosienne oblige, «Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). Quelques mois après, il rejoignait Ambatoroka pour une année académique par la suite sanctionnée d’une licence canonique de Théologie.
Dès lors, il était rentré dans le diocèse pour un ministère pastoral, d’abord en tant que vicaire à la paroisse St Joseph de Maroantsetra, puis Educateur auprès du séminaire propédeutique Saint Gabriel, tout en étant secrétaire auprès de Son Excellence Mgr A. Tsiahoana, avant de s’envoler à Rome pour poursuivre ses études, trois années durant.
Il rentrait au pays en septembre 1994 avec son diplôme d’études bibliques qui le prédisposait à être Educateur et Professeur d’Ecriture Sainte au Grand-Séminaire Paul VI jusqu’en juin 2004. Il a consacré toute son existence aux questions bibliques et exégétiques et a mis toutes ses énergies dans la recherche d’un langage et d’un style de vie capable de parler vraiment de l’Evangile à ceux qu’il rencontrait. Il ambitionnait même de mettre sur pied une périodique « Shalom » qui fournissait des dossiers clairs et précis sur le monde et le contexte hébraïque au service de la communauté humaine.
Polyglotte attitré, on voyait mal quel domaine pouvait échapper à sa curiosité et à ses recherches. Travailleur, il n’acceptait guère de s’arrêter, même malade ; une vraie force de la nature disait-on. Toujours très organisé, très attentif à ceux qu’il prenait en charge : les jeunes qu’il guidait dans leurs études, les jeunes religieuses auxquelles il donnait des sessions de formation, sans oublier les retraites, les récollections. Il aimait aider les chrétiens à approfondir leur foi et à discerner leur vie à partir de cette foi. A tous, il désirait donner le sens de l’Eglise, dont il se voulait être l’inlassable serviteur.
Deux exemples illustrent bien cette force de caractère. Premièrement : ses émissions tant appréciées sur la Radio Faniry _ Shema Israël (commentaire de la première lecture de chaque dimanche), La parole de Dieu au quotidien (lecture de l’Evangile du jour en dialecte du Nord) _ Je note au passage qu’il est membre de la commission communication du diocèse et membre actif de AJ Pro (Association des journalistes professionnels d’Antsiranana). Deuxièmement : sa présence fidèle et son sens d’organisation qui nous a permis de vivre l’année de la miséricorde en passant par la porte de la Miséricorde. Présence assidue, le mercredi et le vendredi, à la cathédrale, disponible pour ceux qui viennent se confesser. Etait-ce par hasard si ses dépouilles arrivaient à Diego un mercredi soir et enterrées vendredi ?
« Resy andria-nombana, sahirana aloha vao mahita hevitra » (« Compagnon d’un prince battu : il faut faire face aux obstacles avant de trouver une issue »), ne serait-ce que pour son rôle de chroniqueur pour ce bulletin de liaison (Oloraiky), pour les fidèles de l’expression française de la paroisse de la Cathédrale…
Tous ces faits lui ont accordé des reconnaissances notables de la part des gens, chrétiens ou non _ nous en étions témoins lors de l’inhumation, mais même avant, depuis la clinique St François d’Assise, en passant par les différentes paroisses ou communautés chrétiennes d’Antsohihy, d’Ambanja, d’Ambilobe, d’Anivorano, de Berafia…
Le P. Miandra rejoignait définitivement l’Eternel le 23 janvier 2017 vers 18h. Il nous a laissé le souvenir d’un homme de contact, d’une grande rigueur, d’une grande droiture dans son professionnalisme et dans son comportement de prêtre. Au cours des messes célébrées à son intention à la Cathédrale, tous ont évoqué, à différents traits, l’esprit de « concorde » qui l’animait.
En effet, il réussissait « à trouver la concorde de cette discorde », pour reprendre la formule de Shakespeare dans Le songe d’une nuit d’été (V, i, vers 60). Que cet « esprit de concorde » ou de la fraternité mène le P. Miandra à la lumière éternelle réservée aux Justes.
Nous t’aimons frère, et tu vas beaucoup nous manquer. Salut ! A-Dieu !
Abbé Simon ZAFISORATRA